La thanatopraxie est l’activité funéraire la plus exposée aux risques. Pourquoi ? Dans le cadre de l’exercice de votre métier, vous faites des incisions, des injections et des aspirations sur le corps. C’est lors de ces pratiques que vous courez le plus de risques, outre le fait que vous utilisez des instruments et des produits chimiques. Or, un doute subsiste…

Établi par un médecin, le certificat de décès indique si les soins de conservation sont réalisables. Cependant, il ne précise pas si le défunt a été contaminé. Or d’après l’INRS, vous sous-estimez les dangers auxquels vous êtes exposé et oubliez d’être vigilant.

C’est pourquoi, l’équipe de Funix consacre un article dédié aux risques professionnels des thanatopracteurs et les mesures de prévention à suivre.

Quels sont les principaux risques ?

Être thanatopracteur, c’est être exposé à de nombreux risques : biologique, chimique, organisationnel, psychosocial et musculosquelettique.

Pour en savoir plus, retrouvez notre article sur La prévention des risques dans les métiers du funéraire.

Les risques biologiques

Les corps des défunts peuvent être porteurs de nombreux agents infectieux : bactériens, viraux, fongiques et parasitaires. Les plus inquiétants sont le VIH, les virus de l’hépatite B et C voire la tuberculose. En tant que thanatopracteur, vous devez prendre des précautions, comme la vaccination systématique et respecter les mesures de prévention des risques.

Photo d'un virus vue au microscope

Les risques chimiques

Afin de retarder la décomposition, vous utilisez des produits d’injection tels que l’eau de Javel pour désinfecter et préserver les tissus. Ils sont toxiques en cas d’inhalation, d’ingestion ou d’absorption par la peau. 

Ainsi le formaldéhyde, très utilisé, est une substance allergène à l’origine d’irritations cutanées ou de cancers en cas d’exposition prolongée. L’eau de Javel, selon sa concentration, peut provoquer des brûlures en cas de projection. Il est déconseillé de se laver les mains à l’eau de Javel car elle peut provoquer des dermatoses.

Quant au méthanol, il est inflammable et peut être absorbé par inhalation. Les conséquences sont diverses, allant des troubles de la conscience, irritations digestives ou troubles visuels à des convulsions. Une projection de méthanol dans l’œil peut provoquer des conjonctivites ou des lésions superficielles de la cornée.

Lors de la manipulation de ces produits, il est conseillé de porter ses EPI (blouses, gants, masques et lunettes).

Les risques psychosociaux

En tant que thanatopracteur, vous côtoyez les défunts au quotidien et certains décès sont moins supportables que d’autres, comme celui d’un enfant. Vous êtes alors parfois sujet à des troubles psychologiques tels que le stress, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique.

D’autres vont souffrir de l’image sociale de la thanatopraxie, souvent négative, qui peut être à l’origine d’un manque de reconnaissance. Certains d’entre vous se sentent alors fragilisés et ont l’impression que leur métier n’a pas de sens.

Pour oublier l’odeur et les défunts, la consommation de tabac, d’alcool, voire de substances psychotropes peuvent être un refuge. Cela peut être un signe d’un mal-être.

Pour en savoir plus, retrouvez notre Rencontre avec Marie-France Rakotovao Mourton, coach spécialisée en gestion des émotions.

Les risques musculo-squelettiques

Dans le cadre de vos fonctions, vous êtes souvent amené à soulever des charges lourdes et à adopter des positions inconfortables. Le fait d’exercer dans un local de taille réduite ou de ne pas disposer d’une table funéraire adaptée peut entraîner des douleurs musculosquelettiques à long terme.

Il est important que les thanatopracteurs soient formés aux bonnes pratiques de sécurité et qu'ils prennent toutes les mesures nécessaires pour minimiser les risques d’accident.

Quelles sont les mesures de prévention ?

Pour vous protéger de ces risques, vous devez adopter des pratiques similaires aux précautions suggérées dans le milieu des soins.

Le port des équipements de protections individuelles (EPI)

Comme les chirurgiens qui s’apprêtent à opérer, vous devez vous équiper pour limiter le risque de contamination. Il est préconisé d’utiliser :

  • des chaussures de sécurité
  • des surchaussures
  • une blouse ou une combinaison jetable
  • un tablier imperméable jetable
  • 2 paires de gants nitriles ou latex jetables à changer toutes les 30 minutes
  • des manchettes de protection
  • une charlotte jetable
  • une paire de lunettes de protection ou une visière de protection
  • un masque B2P3 (protection contre les vapeurs de formol et les agents biologiques) ou un masque AX2P3 (protection contre les vapeurs de méthanol et les bactéries)

Une bonne ventilation contre les risques dits bio-aérosols

L’une des précautions à prendre est de s’assurer de la bonne aération de la pièce, comme en mettant en marche la ventilation mécanique ou en ouvrant les fenêtres si les soins ont lieu au domicile du défunt. En effet, ventiler permet de renouveler l’air du local, celui-ci pouvant contenir des agents biologiques qui proviennent du défunt ou de la housse.

Photo d'une main tenant une seringue

Des alternatives plus sûres

Les instruments de la thanatopraxie sont coupants et piquants comme le bistouri. D’ailleurs l’utilisation d’aiguille et de trocart est à l’origine d’incidents tels que les accidents d’exposition au sang. Aussi, il est conseillé d’utiliser des alternatives moins « dangereuses » que les instruments classiques : 

  • des ciseaux à bout rond pour couper des sutures, 
  • un lance-agrafes pour la fermeture de la bouche,
  • une colle forte type cyanoacrylate pour la suture

Dans le cadre des risques d’infection respiratoire, certains praticiens optent pour la pose d’un masque sur le visage du défunt ou mèchent la bouche et les narines. Cela permet d’éviter les projections éventuelles de liquides biologiques.

La désinfection, une barrière contre les risques bactériologiques

Comme pour une opération, il est recommandé de travailler dans une pièce aseptisée et d’utiliser un bactéricide à chaque étape.

Dès que le corps est mis en place avec sa housse sur la table de travail, il doit être pulvérisé pour éliminer toutes traces de risques biologiques. Cette opération doit être renouvelée à l’ouverture de la housse, ainsi qu’en cas de fuites de liquides biologiques. D’ailleurs, l’INRS conseille d’asperger du désinfectant après chaque incision ou ponction.

À la fin des soins de conservation, les instruments utilisés doivent être baignés dans un bac de liquide désinfectant. L’autre méthode est de les frotter à l’eau de Javel puis de les rincer à l’eau claire. Vous pouvez alors procéder à l’habillage, puis au maquillage, sans oublier de désinfecter au préalable le visage.

Si vous respectez ces quelques principes de prévention, vous limiterez les risques d’incident. Toutefois, d’autres facteurs influent comme les gestes professionnels et les conditions de travail, d’autant que vous êtes souvent amené à vous déplacer.

En effet, 30% de vos actes sont réalisés au domicile du défunt et 70% dans des chambres médicalisées et des chambres funéraires. Par conséquent, vous pouvez être amené à travailler dans des locaux inadaptés. C’est pour cela que vous devez faire preuve de vigilance en ne sous-estimant pas les risques.

 

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